J’aime énormément les légumes vivaces et perpétuels. Et un de ces légumes qui m’a fasciné dès le début est la « Glycine tubéreuse » (Apios americana). On la connaît également sous des divers noms tel que « haricot sauvage », « haricot-pomme de terre » ou « patates en chapelet »
Pourquoi est-elle si formidable?
Vous cherchez une plante (presque) parfaite voilà votre candidate : La glycine tubéreuse. Un feuillage décoratif, de magnifiques fleurs en grappes, des haricots comestibles et des tubercules un peu comme des pommes de terres. Ces tubercules poussent en chapelet dense et ils sont riches en protéines et délicieux cuisinés cuits. En plus de tout cela elle augmente la fertilité du sol et n’est pas sensible aux maladies.
Voyez-vous pourquoi elle m’a tout de suite enchantée? C’est clair que c’est un légume peu connu et pas si facile à trouver. Mais j’espère pouvoir changer cela un tout petit peu avec cet article !
C’est sûr que ce n’est pas une plante parfaite. Et qu’elle peut être amélioré. Mais je crois que l’Apios peut se révéler être une de ces plantes qui changeront notre agriculture et alimentation dans l’avenir. Elle a un énorme potentiel.
Alors je vous laisse découvrir cette petite merveille.
Description :
La glycine tubéreuse aussi appelée Apios ou gland de terre, est une plante volubile de la famille des Fabacées (la famille des légumineuses).
Cette plante grimpante provenant des forêts de l’Amérique du Nord était déjà très appréciée par les amérindiens qui l’ont utilisé de maintes manières.
Elle produit de nouvelles pousses chaque année à partir de nombreux tubercules souterrains. Ces nouvelles pousses s’enroulent autour de tout ce qu’elles trouvent dans le sens inverse des aiguilles d’une montre et peuvent mesurer jusqu’à 4 m de long. Ses fleurs de plusieurs nuances de rose, de rouge et de pourpre, disposées en grappes serrées, pendantes apparaissent en fin d’été, juste pour la rentrée des classes, avec un délicieux parfum. L’apios donne, seulement sous climat chaud, des gousses de 6 à 12 cm de long qui contiennent des haricots comestibles.
Comme la plupart des vivaces son feuillage disparaît en fin d’automne, pour réapparaître au printemps.
Un autre avantage de cette plante est qu’elle a une relation symbiotique avec certaines bactéries du sol. Ces bactéries forment des nodules sur les racines et fixent l’azote atmosphérique. Une partie de cet azote est utilisé par la plante en croissance, le reste est ajouté au sol et le rend plus fertile.
La plantation :
Cette plante bien rustique se plante au printemps au soleil ou à la mi-ombre, dans un terrain léger, frais, même acide.
Le « Haricot-pomme de terre » cherche un support pour pouvoir s’enrouler : grillage, treillage, etc. Elle se plaît particulièrement bien dans une haie, sur le bord ensoleillé d’un bois, ou du côté ensoleillé d’un arbuste de jardin.
Si vous voulez optimiser la place ou installer un système de permaculture, vous pouvez alors la faire cohabiter avec du topinambour, du maïs ou des tournesols qui lui serviront de support. Faute d’appui pour grimper, elle peut également se faire rampante, couvre-sol.
Pour la plantation enfoncez le tubercule de 10 cm environ et oubliez-le, car il n’a pas besoin d’arrosage. Si vous souhaitez en installer plusieurs, espacez-les d’un mètre.
Culture :
C’est une plante super facile qui ne nécessite presque pas d’intervention. Les jeunes tiges apparaissent souvent tard en mai ou juin. L’arrosage est seulement nécessaire en cas de sécheresse et pour des jeunes sujets. La plante entre en dormance à l’automne, pour réapparaître au printemps suivant. Parfois, elle ne revient pas, mais tout n’est pas perdu : il lui arrive de renaître deux ou trois ans après, encore plus vigoureuse.
Si la plante trouve de bonnes conditions de vie, elle peut avoir tendance à être envahissante. Dans ce cas-là, il suffit de déterrer et de manger ses tubercules, pour la limiter ou la laisser faire et se réjouir de l’abondance de la nature.
Récolte :
Laissez lui du temps pour bien s’installer: 2 ou 3 ans, avant de commencer la récolte d’apios. Les tubercules poussent facilement et en bonne quantité (parfois plus de 2 kg par plant) et sont disponibles tout au long de l’année, sans effort particulier puisqu’ils poussent proches de la surface du sol. Ils sont disposés à distances irrégulières le long de la racine. Le plus souvent on récolte les tubercules de l’automne au printemps lorsque le feuillage est absent.
Les rhizomes ne se conservent pas très bien. On peut les garder pendant environ 1 semaine au frigo ou un peu plus longtemps à la cave dans du sable humide comme des carottes. Cependant il est bien de les consommer le plus rapidement possible après la récolte, mais comme vous pouvez les ramasser à n’importe quel moment, ce n’est pas un souci.
Maladies et ravageurs :
C’est une plante très saine qui a normalement presque aucune maladie. Le seul vrai problème qui peut exister ce sont des limaces et escargots qui aiment dévorer les jeunes pousses au printemps. Si vous êtes alors « béni » avec une population active de ses petites créatures, assurez vous de donner une protection aux tiges sortant de terre.
Utilisation en cuisine :
Les tubercules se mangent cuits ou crus. Le goût des tubercules rappelle un mélange de noisette, de cacahuète, de pomme de terre et de patate douce. Toutes les recettes à base de pommes de terre leur conviennent également, par contre il faut prendre en considération leur forte teneur en amidon, et surtout en protéines (3 fois plus que dans la pomme de terre). Ceci la rend légèrement plus sec et le temps de cuisson est un peu plus long. On la cuisine facilement braisé, bouillis, grillés, frites ou excellent en chips. Un accompagnement idéal pour toutes les viandes. Crus, râpez-les, ou faites-les mariner dans le vinaigre.
Séché on peut en faire une farine, utilisée autrefois par des indiens. La farine absorbe beaucoup plus d’eau que la farine de blé (à utiliser comme farine de pois chiches ou la farine de pommes de terre). Les haricots se mangent comme des petits pois et peuvent aussi être transformé en farine qu’on peut ajouter dans une préparation pour faire du pain.
Et pour les gourmets, la fleur est également comestible crue en décoration de salades.
Recette : Purée de glycine tubéreuse
*900g de tubercules
* 225 ml de lait * 8 cs beurre * 8 cs fromage de chèvre mou *sel, poivre, muscade |
(15 min de préparation )
Pelez les tubercules, puis faites-les bouillir jusqu’à ce qu’elles soient tendres, environ 15 à 25 minutes. Égouttez et écrasez-les. Ajoutez le lait. Mélangez le beurre, le poivre, la noix de muscade et le sel. Servir avec du fromage de chèvre.
Bon appétit!
Pour aller plus loin:
Quelques articles en anglais sur le thème de la sélection de nouvelles variétés d’Apios americana :
- Une super introduction d’un site qui vend les tubercules: https://www.cultivariable.com/instructions/others/hopniss-apios-americana-vegetable-tuber/ (Merci à Marie Nacauli pour le lien)
- Un excellent article, facile à lire, sur la glycine tubéreuse et d’autres plantes sauvages qui pourraient nourrir le monde de demain: https://www.wired.com/2014/06/potato-bean/
- Un article qui explique plus le programme actuel de sélection à l’université de l’Illinois. https://www.certifiedcropadviser.org/science-news/bringing-new-food-table-cultivating-native-plant
- Une vidéo un peu technique sur le programme de sélection de meilleures variétés d’Apios americana aux USA https://www.youtube.com/watch?v=Wwnhwn–z64
BRAVO !!!!!